Les femmes représentent moins de 28% des salariés dans le secteur du numérique et seulement 16% des salariés dans la tech pour une moyenne nationale de 48% tous secteurs confondus*. D’après Mounir Mahjoubi – Secrétaire d’Etat au Numérique : “il y a trop de jeunes femmes qui ne se projettent pas dans ces métiers alors qu’il y a des opportunités incroyables”. Même si nous sommes loin du compte, de plus en plus de femmes se lancent dans les métiers de la tech’ et les belles initiatives se multiplient. Les Duchess, Girlz In Web en sont des exemples.
Nous avons rencontré Dipty Chander, étudiante en 5 année à Epitech, Technical Account Manager chez Microsoft et Présidente de l’association E-mma France (composée de 500 personnes) qui vise à promouvoir la mixité numérique.
[Photo de Dipty Chander par IONIS Education Group]
Bonjour Dipty, peux-tu nous présenter ton parcours jusqu’à l’école Epitech ?
Plus jeune, les nouvelles technologies m’intriguaient, ma sœur avait des cours sur l’ordinateur et j’ai tout de suite été attirée & émerveillée par cet outil. J’ai très vite pris en main l’outil pour faire des diapos avec nos photos de famille en y intégrant des transitions avec des effets, de la musique, c’était magique ! Plus tard j’ai voulu m’orienter dans les métiers de l’informatique car les nouvelles technologies me passionnaient, l’idée de créer des applications et des produits m’inspirait. Cependant ma conseillère d’orientation fut très réticente à l’idée et jugeait ce type de métier réservé aux hommes. Je me souviens d’une phrase qui m’a marqué à vie : « Tu n’as pas ta place là-dedans. Il ne faut pas rêver plus gros que ce qu’on peut atteindre ». Et finalement cette phrase a opéré de tout son charme pour produire l’effet inverse. Je me suis retrouvée dans un salon pour la formation et j’ai jeté mon dévolu sur Epitech !
Peux-tu nous présenter ta stack technique ?
Je suis spécialisée dans le cloud. Pourquoi le cloud ? Le cloud a cette capacité à réunir n’importe quel individu. C’est un outil de rapprochement et de solutions aux problématiques de la société. Par exemple, pour les femmes enceintes, le cloud permet de travailler à distance avec par exemple Yammer, Slack, Trello, One Drive, Google Drive… Tous ces outils permettent de faciliter le « Customer Facing » et d’être au plus proche du besoin de son client. Je développe en Java sur Android Studio, sur de l’Open Source. Pour mon projet de fin d’étude qui s’appelle « Epitech Innovating Project » j’ai développé une app de e-commerce géolocalisé pour les petits commerçants pour leur donner de la visibilité à moindre coût sans embaucher un développeur pour créer un site web dédié. Il me reste encore quelques mois avant l’obtention de mon diplôme. Cependant, j’ai été embauché dès la 4e année chez Microsoft à temps partiel en CDD. Cela va bientôt faire 2 ans que je travaille chez Microsoft.
En quoi consiste ton métier ?
Je suis Technical Account Manager, j’accompagne les clients vers la transformation numérique, comment déployer le cloud chez eux et développer des projets avec.
Comment fais-tu ta veille : sites ? blog ? influenceurs ?
Je suis toujours à jour sur l’actualité tech’. J’ai toujours cet effet d’émerveillement, je commence à mieux comprendre techniquement (évidemment) mais ça me fait toujours rêver. Je suis très active sur les réseaux sociaux et j’assiste régulièrement à des Keynotes. Je suis beaucoup sur Twitter et sur LinkedIn. Je suis Le Mag IT, la partie Tech du New York Times, le MIT Review. Je lis aussi les articles personnels des influenceurs sur LinkedIn, c’est toujours très enrichissant.
Peux-tu nous parler de ton association au sein d’Epitech, E-mma ?
C’est en débarquant faire mes études à Epitech en 2013 que j’ai eu mon premier choc sur la mixité. En première année, nous étions 10 étudiantes sur une promo de 500 ! J’ai récupéré l’association E-mma la même année. Au début le but de l’asso était de promouvoir la place des femmes dans l’informatique mais je n’étais pas convaincue de cette approche. Pour moi, nous devions passer par l’inclusion pour promouvoir la mixité et la parité. Aujourd’hui nous sommes 500 personnes dans toutes les villes de France avec 80% d’ambassadeurs qui sont des hommes. Pour favoriser la prise de conscience, qui de mieux pour le faire que des hommes, pour des hommes ? Nous les femmes, nous sommes déjà conscientes de ce problème de mixité.
Très Heureuse d’échanger aujourd’hui avec @microsoftfrance sur Hommes et #mixité et les 6 mesures pour accélérer la mixité de l’observatoire de la mixité @Institut_CR @menmixite @DiptyChander @LaetitiaDelpech pic.twitter.com/obXIH14weE
— Marie-Chr Maheas (@mcmaheas) March 8, 2018
L’objectif d’E-mma est de démystifier l’informatique et de casser les stéréotypes. Nous organisons beaucoup d’atelier de codes. On intervient dans les écoles, dans les conférences avec des sujets autour de la diversité et ce qu’elle peut apporter à l’IA par exemple. Nous organisons aussi des Hackathons en mettant à disposition des ressources techniques pour permettre aux femmes de développer leurs projets.
Merci beaucoup @BGriveaux pour ces mots d'encouragements !
"Le code un enjeu majeur pour les femmes"@Aurelie_JEAN @hookipaa #WomenInTech @pascalegiacchet @pascalechevassu @MichaGUERIN @RixainMP @celinecalvez @faatz @PaulaForteza @markowenf24 pic.twitter.com/4CttO336IJ— Dipty Chander (@DiptyChander) March 10, 2018
Penses-tu que les métiers techniques attirent moins les femmes ?
Je pense que le problème vient de la représentation que se font les femmes sur le secteur de l’IT, le plafond de verre et l’autocensure bien sûr. L’image que la société se fait des métiers du numérique…j’ai rarement vu des parents conseiller les métiers tech’ à leurs enfants dès l’enfance. Le changement doit aussi venir de l’éducation. Elever les enfants dans l’égalité des sexes. Pour que plus tard les femmes puissent réagir face aux opportunités qui se présentent à elles.
Les femmes représentent 20% des effectifs sur les postes techniques chez les GAFAM, tu en fais partie en travaillant chez Microsoft, il y a-t-il une politique visant à promouvoir la mixité chez Microsoft aujourd’hui ?
Ils savent qu’il y a encore beaucoup de travail à faire, ils mettent beaucoup de choses en place pour la diversité & l’inclusion afin de recruter des profils féminins. Il y a eu un déclic. Mais il faut aussi remonter à la source du problème, qui est dans la formation, et ça ne sera pas pour tout de suite.
Quel est ton avis sur les écarts salariaux chez les femmes ingénieures ? A niveau hiérarchique égal, la rémunération des ingénieures est encore bien inférieure à celle des hommes. Plus on gagne en expérience professionnelle, plus l’écart se creuse. Comment lutter ces inégalités-là ?
Tout le monde en parle en ce moment. Ça me met en colère ces écarts. On est tous d’accord que pour promouvoir la mixité, il faut aussi commencer par proposer des salaires équitables à postes équivalents !
For every euro a man makes in Europe, a woman makes 84 cents @FRANCE24 #EqualPay #WomensRight @EmmaEpitech @hookipaa pic.twitter.com/KRiCwT2jyr
— Dipty Chander (@DiptyChander) March 9, 2018
Il est intéressant aussi de constater que contrairement aux grands groupes, le salaire des femmes en startup est légèrement supérieur à celui des hommes. La nouvelle génération d’entrepreneurs est-elle prometteuse sur les sujets d’inégalités ? Quel est ton sentiment ?
La moyenne d’âge dans les startups tourne autour des 25 -28 ans, ces jeunes entrepreneurs n’ont pas envie de reproduire les erreurs de leurs ainés dans leurs startups. Ça me donne de l’espoir.
Enfin, si tu avais un conseil à donner à des étudiantes et lycéennes qui souhaitent se diriger dans la fonction informatique, qu’est-ce que ce serait ?
Il faut avoir de la conviction et du courage pour poursuivre ses rêves…
L’échec vous rapprochera de votre but !
Source : *Rapport de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances de l’Assemblée nationale.