Les salariés de Google ne veulent pas travailler sur une intelligence artificielle (IA) pour l’armée. Plus de 3 100 employés de la firme américaine ont signé une lettre ouverte à leur PDG. Ils réclament l’arrêt du projet Maven, inquiets à l’idée que cette technologie ternisse l’image de Google et fasse fuir les nouveaux talents.
Don’t be evil, « ne soyez pas malveillants ». Les employés de Google ont jugé la devise informelle de leur entreprise incompatible avec le projet Maven. Plus de 3 100 salariés ont signé une lettre ouverte adressée à Sundar Pichai, PDG de Google. Ils réclament l’arrêt de ce programme d’intelligence artificielle (IA) à vocation militaire.
Construire une « technologie de guerre »
Le projet Maven a été lancé en avril 2017. Il doit permettre à l’armée d’analyser des images de vidéosurveillance enregistrées par un drone, a rapporté le New York Times le 4 avril dernier. Objectif, identifier des cibles pour planifier des frappes. Le Pentagone finance ce projet à hauteur de 7,4 milliards de dollars, soit environ 6 milliards d’euros.
Le programme utilise la deep learning TensorFlow, la technologie open source d’apprentissage automatique du géant américain. « Google ne devrait pas intervenir dans le business de la guerre », protestent ses employés. Ils réclament « une politique claire stipulant que ni Google ni ses sous-traitants ne construiront jamais une technologie de guerre ».
Le risque de faire fuir les futurs talents
Diane Greene, vice-présidente en charge de Google Cloud, a souligné que cette technologie ne permettait pas de « piloter des drones », et ne serait « pas utilisée pour lancer des armes ». Les signataires de la lettre ne partagent pas cet avis. « La technologie est conçue pour les militaires. Une fois livrée, elle pourrait facilement servir ces tâches » insistent-ils.
Par la voix d’un porte-parole, Google affirme se limiter « à des applications non offensives ». De leur côté, les salariés craignent que cette collaboration ne vienne « irrémédiablement salir l’image de marque de Google » auprès du grand public. Ils redoutent aussi que ce péché originel ne décourage les futurs « talents » de venir travailler chez Google.