Quand les entreprises recrutent un développeur, elles rêvent d’un candidat full stack qui saurait tout faire tout seul. Pour le programmeur Robin Rendle, c’est une illusion dangereuse. Elle conduirait les professionnels du secteur à négliger le développement front-end.
C’est une sorte couteau suisse. En théorie, un développeur full stack sait mener tout seul un projet de A à Z. Infrastructure matérielle, bases de données, code back-end et front-end, méthodes agiles… Ce Superman de la programmation fonctionne en parfaite autonomie. Un rêve pour les recruteurs, mais un mythe pour Robin Rendle.
Had a nightmare last night where I wrote a ten thousand word screed titled “I Don’t Believe in Full Stack Engineering” and then I got caught by the police and went to jail.
Hi. How is your Monday going
— Robin Rendle (@robinrendle) June 4, 2018
Les limites de la polyvalence
Cet Américain ne prend pas de gants. « Je ne crois pas à l’ingénierie full stack », écrit-il dans un billet de blog publié le 19 juin dernier. « De tous les ingénieurs que j’ai rencontrés au cours des années, un seul s’est approché de ce titre », assure Robin Rendle. Face à des langages de programmation en constante évolution, la polyvalence trouve vite ses limites.
Un programmeur full stack possède nécessairement un haut niveau d’expertise. La plupart des développeurs pros ne peuvent tout simplement pas naviguer à la fois dans le back-end et le front-end. D’après Robin Rendle, les entreprises inciteraient les candidats à négliger le front-end pour acquérir d’autres compétences, et se vendre à tort comme full stack.
Published a lil rant last night about why I don’t believe in full-stack engineering https://t.co/C8ZH28gpeZ
— Robin Rendle (@robinrendle) June 20, 2018
« Mauvais design partout sur le web »
Chargement des polices, des images, des SVG, des animations, de l’audit des scripts de tiers… Le développement front-end implique le souci de la performance web, insiste le blogueur. C’est une activité à part entière. « Je vois un mauvais design partout sur le web, et je pense que c’est dû au manque de ces compétences », déplore-t-il.
Certaines interfaces « extrêmement inaccessibles » présentent « des formulaires qui ne permettent pas de naviguer efficacement avec un clavier ». Les entreprises risquent d’y perdre des millions de dollars à cause de sites trop lents et qui ne respectent pas les lois sur l’accessibilité, prévient Robin Rendle. Sans compter l’incapacité à livrer de belles interfaces !