L’Organisation internationale du travail (OIT) a publié le 20 septembre une enquête complète sur « les ouvriers du clic ». Le constat dressé sur le « digital labor » est sévère. Payés pour réaliser des micro tâches dont aucun programme informatique ne pourrait s’occuper, ces millions de travailleurs de l’ombre sont rémunérés entre 2,81 et 3,76 euros.
Du nettoyage de base de données à la modération de contenus Facebook en passant par de simples questionnaires, « les ouvriers du clic » accomplissent des tâches qu’aucun programme informatique ne peut faire, et ce pour un revenu très faible. L’Organisation internationale du travail (OIT), rattachée aux Nations unies (ONU) a publié le 20 septembre une étude à leur sujet, après avoir interrogé 3 500 travailleurs, répartis sur 75 pays.
Jusqu’à 90 millions de personnes
Payés à la tâche par des plateformes comme Amazon Mechanical Turk, Crowdflower ou encore Prolific, ces travailleurs seraient entre 45 et 90 millions dans le monde, souligne Le Figaro. Couvrant tous les fuseaux horaires, ces ouvriers du clic ne s’arrêtent donc jamais. Leur âge moyen est de 28 ans dans les pays développés et de 27 ans dans ceux en développement.
Leur activité consiste à remplir des questionnaires (64,9 %), modifier du contenu (46,1 %) et collecter des données (35,4 %). Si 37 % de ces crowdworkers ont un diplôme, en 2017 ils ne gagnaient que « 3,76 euros de l’heure, en considérant uniquement le travail payé », précise l’OIT. Mais on est plus proche des « 2,81 euros par heure en ajoutant les heures non payées ». 90 % des sondés affirment n’avoir jamais été payés pour certaines tâches accomplies.
2,81 euros de l’heure, du fait de tâches non payées
L’amplitude de travail est soutenue. 43 % des sondés travaillent la nuit, 68 % entre 20 heures et 22 heures. Des horaires inévitables, puisqu’ils sont nombreux à exercer une autre activité professionnelle. De plus, les conditions de travail sont parfois difficiles, notamment sur le plan psychologique. Les modérateurs peuvent souffrir de syndromes de stress post-traumatiques à force d’être exposé à des contenus violents ou dégradants.
Mais ce travail a beau être répétitif et mal payé, 88 % des sondés souhaiteraient obtenir plus de micro tâches pour avoir de meilleurs revenus. Le marché du digital labour va encore se développer pour atteindre entre 15 de 25 milliards de dollars d’ici à 2020, estime ainsi l’organisme rattaché à l’ONU.