Selon des chercheurs de l’Université d’Oxford, les comptes Facebook appartenant à des utilisateurs décédés seront plus nombreux que ceux des membres vivants d’ici 50 ans. La conservation et l’exploitation de ces profils par le géant américain posent question selon les auteurs de l’étude.
En 2070, il y aura plus de morts que de vivants sur Facebook, selon une étude de chercheurs de l’Oxford internet institute (OII) publiée dans Big Data & Society et relayée par Presse-Citron. En partant de l’hypothèse qu’il n’y aura aucune nouvelle inscription à partir 2019, les universitaires ont déterminé que Facebook comptera 1,4 milliard de membres décédés en 2100 avec une majorité de «comptes zombie» d’ici 50 ans.
Le phénomène sera encore plus important si le réseau social continue de se développer au rythme actuel. Le nombre d’utilisateurs décédés approcherait alors les 5 milliards en 2100, selon les estimations de l’OII.
Are the dead taking over Facebook? A Big Data approach to the future of death online by @CJ_Ohman & David Watson. https://t.co/DDSqrkC6Qf
— Big Data & Society (@BigDataSoc) April 29, 2019
La conservation des données : un enjeu éthique majeur
Pour établir leurs projections, les chercheurs ont utilisé trois types de données : la mortalité projetée pour le XXIe siècle, répartie par âge et par nationalité, les données démographiques projetées pour le XXIe siècle, également réparties par âge et par nationalité, et enfin le nombre d’utilisateurs Facebook à ce jour pour chaque groupe d’âge et chaque pays.
Ils estiment que leur travail soulève des questions importantes. « Nous soutenons qu’une approche exclusivement commerciale de la conservation des données comporte des risques éthiques et politiques importants qui exigent une réflexion urgente. Nous préconisons un modèle de conservation évolutif, durable et digne qui tient compte des intérêts des multiples parties prenantes », écrivent-ils.
La conservation des données de ces profils, décrites comme un « patrimoine numérique mondial », devient de plus en plus un enjeu majeur. « Facebook devrait inviter les historiens, les archivistes, les archéologues et les éthiciens à participer au processus de conservation du vaste volume de données accumulées que nous laissons derrière nous à notre décès », estime ainsi David Watson, coauteur de l’étude.