Un cabinet d’avocats de Montréal a engagé une procédure contre Epic Games à la demande de parents de mineurs dépendants à Fortnite. Une première mondiale. Si le tribunal autorise l’action en justice, le célèbre studio pourrait être condamné à version des millions de dollars en dommages et intérêts, estiment les juristes canadiens.
Fortnite aurait-il été spécifiquement conçu pour favoriser l’addiction des joueurs ? C’est en tout cas ce qu’estiment des avocats québécois qui ont décidé d’entrer en guerre contre Epic Games. Leur cabinet montréalais Calex a déposé une demande d’action collective contre le studio qui a créé le dernier phénomène du jeu vidéo.
« On parle d’un jeu qui a été développé par des équipes de psychologues spécialisés pour créer un caractère d’addiction et on reproche à la compagnie de ne pas avoir divulgué tous les risques et dangers inhérents au produit », a estimé auprès de l’AFP Jean-Philippe Caron, juriste qui pilote ce dossier.
Comme les machines à sous
Les créateurs de ce jeu auraient utilisé des méthodes semblables à celles des « machines à sous », à savoir « des programmes de récompense variables, pour s’assurer de la dépendance de ses utilisateurs, le cerveau étant manipulé pour toujours désirer davantage », peut-on lire dans le document de demande d’action collective déposé auprès de la Cour supérieure du Québec.
La procédure, engagée à la demande de parents de mineurs ayant développé un problème de dépendance au jeu, est une première mondiale favorisée par le régime légal spécifique du Québec, selon M. Caron. Si elle était autorisée par le tribunal, le studio pourrait s’exposer à « plusieurs dizaines, voire des centaines de millions de dollars » en dommages et intérêts, d’après l’avocat.
« Ils ne mangent pas, ne se douchent pas, et ne socialisent plus »
Le cabinet d’avocats montréalais argue que les mécanismes du jeu sont conçus pour que les joueurs passent le plus de temps possible devant leur écran et dépensent sans compter. Il dénonce notamment les récompenses, défis et autres objets virtuels vendus contre de l’argent réel.
« L’addiction au jeu Fortnite a de réelles conséquences sur la vie des joueurs dont plusieurs ont développé des problèmes tels qu’ils ne mangent pas, ne se douchent pas, et ne socialisent plus », selon le document, qui souligne l’existence de « centres de réhabilitation spécialement dédiés à l’addiction à Fortnite ».
L’autorisation d’intenter une action en justice devrait être validée ou non d’ici un an, et la procédure risque d’être longue.