Ce n’est pas un ingénieur, mais il doit connaître la technique. Ce n’est pas un directeur marketing, mais il doit savoir communiquer. Ce n’est pas un coach, mais il doit savoir embarquer. Ce n’est pas un chef d’entreprise, mais il doit avoir des qualités entrepreneuriales. En bref, le chef de projet digital est un touche-à-tout qui coordonne les efforts et livre un produit que les utilisateurs pourront s’approprier. Portrait avec Pierre Santamaria.
Comment es-tu devenu chef de projet digital ?
J’ai une expérience de plus de vingt ans. J’ai démarré ma carrière en tant que consultant en business consulting traditionnel, puis j’ai monté ma propre société de conseil avant de travailler en agence. Je suis ensuite devenu chef de projet digital en start-up, d’abord sur la partie data et la monétisation, puis chez un gestionnaire de mots de passe pour le grand public. Aujourd’hui, je suis partner France chez EY.
En quoi consiste le métier ?
Les projets digitaux doivent pouvoir être rapidement pris en main par les consommateurs. Il faut donc concevoir des choses ergonomiques et faciles à s’approprier. Selon moi, sans forcément être ingénieur, le chef de projet digital doit avoir un background technique minimal. C’est aussi lui qui suit les budgets, s’assure que toutes les compétences soient réunies pour le projet… Comme pour un projet classique, il y a beaucoup de coordination. La différence se fait sur deux grands points. Tout va beaucoup plus vite dans le digital, cela se compte en semaine, par oppositions aux mois d’un projet traditionnel. Mais surtout, on travaille souvent sur des projets nouveaux, pour lesquels il n’y a pas encore vraiment de références, ou sur des projets qui remplacent un service existant. Il faut donc une forte capacité à embarquer.
Quels conseils donnerais-tu à de futurs chefs de projet digital ?
Le chef de projet digital doit faire de la pédagogie, savoir présenter les choses, être un véritable hub d’information. Il est donc indispensable de rester informé. Et parce qu’on bouscule les choses, il faut aussi savoir gérer le risque, faire preuve d’anticipation, convaincre… Ce sont des qualités entrepreneuriales, une dimension forte du métier de chef de projet digital.
Qu’est-ce qui te plait le plus et le moins dans ton métier ?
J’aime le sentiment de création, le fait de fabriquer quelque chose de nouveau. Il y a aussi une forte mentalité projet, un côté vie en communauté, et les personnes qui travaillent sur le projet y sont attachées. On ressent une véritable satisfaction à voir l’appropriation des utilisateurs. Le côté moins plaisant est qu’on peut difficilement planifier son temps, c’est très intense. On ne peut pas enchaîner les projets digitaux les uns derrière les autres.
A ton avis, comment le métier va-t-il évoluer ?
Je pense que la tendance va être à la spécialisation selon le type de projet, avec par exemple des chefs de projet digital spécialisés dans la mobilité, dans la publication de contenu pour un côté plus communicant, ou davantage dans la technique.
Ton truc en plus ?
L’un de mes sites de prédilection est Ad Exanger, pour me tenir au courant des nouveautés dans mon domaine.
Propos recueillis par Séverine Dégallaix