Grâce à la magie de la technologie, nous voyageons jusqu’aux confins de la Finlande où vit désormais Patrick Beja, l’un des podcasteurs français les plus écoutés et pionnier en la matière. Il nous présente ce qu’il appelle son « artisanat » : la production de podcasts principalement orientés Tech et gaming.
Patrick, comment devient-on podcasteur avec une audience aussi importante que la tienne ?
Je suis tombé dans le podcast tout petit : je jouais à World of Warcraft, et pendant les parties, j’écoutais des émissions sur le jeu. Malheureusement, elles n’existaient qu’en anglais, alors j’ai lancé moi-même un premier podcast en français qui a plutôt bien marché. Quelques années plus tard, j’ai découvert le site Patreon – un site de financement participatif – par l’intermédiaire d’amis podcasteurs américains.
L’audience ne s’est pas construite du jour au lendemain, il a fallu être persévèrent
J’ai essayé, et la communauté a tout de suite répondu de manière positive. Depuis, je suis podcasteur à temps plein, financé majoritairement par mes auditeurs. Mais je dois dire que l’audience ne s’est pas construite du jour au lendemain, il a fallu être persévèrent. Car pour trouver une émission de podcast, il faut déjà la connaître ; il est rare de tomber dessus par hasard. La notoriété se gagne donc petit à petit, et le bouche-à-oreille joue énormément.
Comme les nouveaux influenceurs sur Youtube ou Twitch, le métier de podcasteur laisse rêveur… Y a-t-il des revers à la médaille ?
Franchement, difficile d’en trouver dans mon cas. C’est un métier de rêve : je suis payé pour parler de mes passions et pour dire ce que je pense ! Je traite des aspects que j’aime avec une touche de travail journalistique et éditorial : la tech, et le jeu vidéo, et même des domaines plus vastes comme l’économie, la politique… Si je frottais la lampe d’un génie, je ne saurais pas quoi lui demander. Si, peut-être que mon fils de 3 ans soit plus sage ! (Rires).
Je fais en sorte que les auditeurs aient l’impression de s’asseoir à une table avec des amis, et c’est plus difficile qu’il n’y parait.
Je supprimerais aussi les tâches administratives et de comptabilité qui me passionnent moins. Car après tout, ça reste un boulot : je travaille un petit peu tout le temps depuis mon bureau, et après un podcast, je suis fatigué. Dans mes émissions, je fais en sorte que les auditeurs aient l’impression de s’asseoir à une table avec des amis, et c’est plus difficile qu’il n’y parait. Il faut à la fois connaitre tous les sujets, présenter les choses simplement, être pertinent, distribuer la parole aux invités, ajouter une touche d’humour, et rendre le tout fluide.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaiterait se lancer dans le podcast ?
Je lui dirais de ne pas mettre la charrue avant les bœufs. Le métier de podcasteur – comme celui de youtubeur – est difficile à monétiser. La plupart de ceux qui y arrivent ont d’abord pris le temps de créer leur communauté. Il faut beaucoup de travail avant d’en récolter les fruits. Au début, on se dit qu’être en live plusieurs heures par jour sur Twitch, c’est sympa. Mais quand il faut le renouveler toutes les semaines, il faut tenir le rythme. Personnellement, je compte enregistrer des podcasts encore longtemps ; il faut bien se rendre compte que c’est un long marathon, et pas un sprint !
Justement, comment va évoluer le métier selon toi ?
Je pense que le marché n’est pas très loin de la saturation, en ce sens que tout le monde connait les podcasts aujourd’hui. Il y a encore de la croissance possible, mais les choses sont différentes : on doit convaincre les auditeurs d’écouter nos émissions plutôt que des podcasts tout court. Youtube et Twitch ont énormément gagné en popularité aussi. Je suis d’ailleurs présent sur ces plateformes depuis peu, pour découvrir de nouveaux horizons, de nouveaux challenges, et pour diversifier mes sources de revenus. Cela me permet de voir autre chose, mais je n’arrêterai jamais d’enregistrer des podcasts. L’audio est un format unique : la durée est souvent conséquente, elle laisse le temps d’installer une relation, on peut écouter une émission en faisant autre chose… Je pense que le format a encore de l’avenir et que ma communauté va continuer de me soutenir.
Pour finir, quels podcasts sont incontournables pour toi ?
Personnellement, j’écoute beaucoup de podcasts anglophones. Ceux de Léo Laporte, comme This Week In Tech, centrés sur l’univers de la Tech, The Giant Bombcast sur l’actualité du jeu vidéo… En français, j’écoute Silence on joue !, Fin du game, ou encore ceux de Tech Café. Je pourrais en citer plein d’autres !
Merci Patrick, et longue vie aux podcasts !
Retrouvez Patrick « NotPatrick » Beja sur NotPatrick.com, et notamment ses dernières émissions phares :