Concevoir, il le faut bien, mais sa véritable passion dans l’user experience, c’est la recherche utilisateur. En tant que lead UX designer, Emeric Gatelier aime aussi gérer la relation client, animer les ateliers où naissent les idées et manager une équipe.
Comment êtes-vous devenu lead UX designer ?
J’ai une formation en arts appliqués et communication visuelle, et j’ai passé une licence en direction artistique et un master en UX design. J’ai eu plusieurs expériences, toutes dans l’UX, l’expérience utilisateur. Aujourd’hui, je suis lead UX designer dans une équipe de six personnes chez TKT Agency, une agence spécialisée dans le développement de solutions digitales sur mesure.
En quoi consiste le métier ?
La différence avec un UX designer, c’est la dimension managériale. Je dois m’occuper de l’équipe et porter la vision de l’UX sur l’ensemble d’un projet. Le travail commence en amont, il y a toute une partie recherche utilisateurs. Il faut commencer par les recruter et les interviewer, on peut même aller sur le terrain pour voir l’utilisation du produit en situation. Par exemple, j’ai travaillé sur une appli de désinfection de sondes échographiques, il fallait donc comprendre comment le corps médical interagissait avec la machine dans différents contextes : hôpital, clinique, cabinet indépendant. Ensuite, il y a l’animation d’ateliers. On présente les résultats des recherches utilisateurs au client, on priorise les fonctionnalités avec lui, on dessine ensemble deux écrans d’une interface. L’idée est d’inclure le client le plus tôt possible, on ne veut pas que le projet final soit quelque chose qu’on a pondu tout seul dans notre coin ! Arrive alors la partie conception avec les métiers de l’UX, de l’UI et de la direction artistique, puis la partie développement avec les développeurs à qui nous transmettons les maquettes et spécifications.
Quels conseils donneriez-vous à de futurs lead UX designers ?
N’oubliez jamais que « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien ! » Il y a une posture d’humilité obligatoire car il est très facile de présupposer des choses parce qu’un élément nous plait, mais ça ne sera pas forcément le cas pour l’utilisateur final.
Qu’est-ce qui vous plait le plus et le moins dans votre métier ?
La recherche est quelque chose qui m’anime, ça et les ateliers. Pour moi, c’est le plus intéressant car c’est le moment où les idées naissent. En revanche, la partie conception me plait moins, je donne beaucoup d’autonomie à notre UI/UX designer là-dessus.
A votre avis, comment le métier va-t-il évoluer ?
Tout ce qui est automatisable sera automatisé. On le voit déjà sur le côté interface avec des kits complets pour créer une interface assez facilement. Cela reportera davantage les missions sur tout ce qui apporte de la valeur, la réflexion en amont d’un projet et la dimension éthique.
Tout ce qui est automatisable sera automatisé.
Une expérience fun à partager ?
Il y a trois ans, j’ai réalisé une étude ethnographique pour une maison de haute joaillerie sur la Place Vendôme. Je me suis fait passer pour un client souhaitant acheter une bague hors de prix, c’est la technique de recherche UX de l’agent sous couverture. Je devais passer inaperçu et suffisamment fortuné pour être crédible. Fallait-il porter un costume ? Une montre de luxe ? Finalement, j’y suis allé dans ma tenue de tous les jours : pantalon, t-shirt et baskets. Je me suis retrouvé au milieu de clients et conseillers tirés à quatre épingles à essayer différentes bagues, tout en sirotant une coupe de champagne. Finalement, j’ai l’impression d’avoir pu passer inaperçu !
Un truc en plus ?
Le livre « Le management désincarné », par Marie-Anne Dujarier. Elle y aborde tous ces systèmes d’interface qui nous font oublier l’humain et le vécu et pose la question de l’éthique.
Propos recueillis par Séverine Dégallaix
Pour en savoir plus sur le métier de Lead UX Designer, rendez-vous sur notre fiche métier détaillée !