CYBEtre un bon graphiste, ce n’est pas seulement être créatif : si cet aspect est essentiel, Isa Coll estime qu’une solide culture générale et artistique est aussi indispensable pour exercer ce métier.
Isa Coll, comment êtes-vous devenue graphic designer ?
J’ai fait les arts appliqués, qui destinent plus ou moins à un métier de designer, d’architecte ou de styliste, mais je trouvais ça insuffisant, alors j’ai entrepris un parcours aux beaux-arts. Dans l’univers de l’image, je voulais élargir au maximum cette étendue de savoir et ne pas me limiter au produit. Une fois mon diplôme en poche, je me suis tournée vers la création/conception par ordinateur. Après quinze ans sur Paris, je suis partie en tant que freelance à l’étranger, et à mon retour, j’ai atterri à Toulouse et je suis revenue à mon premier amour : le livre. Je travaille aujourd’hui dans une imprimerie.
En quoi consiste le métier ?
Les spécificités dépendent d’où on l’exerce. J’ai par exemple travaillé en agence de com’ et dans l’événementiel, où c’est très intense et constructif, et avec un rythme très soutenu. Les clients ne viennent pas avec leurs idées, il faut être force de propositions. En imprimerie, en règle générale, il y a l’idée de base et on doit l’exécuter, même si certains sont ouverts à des suggestions. J’utilise la suite Adobe, en particulier Illustrator, InDesign, Photoshop, After Effects et Adobe Premiere.
Quels conseils donneriez-vous à de futurs graphic designers ?
Il ne faut pas avoir peur de ses erreurs, et oser. Un graphiste qui resterait timide n’irait pas très loin. Et plus on est armé, plus on peut se permettre de liberté, il faut donc développer une culture du marketing, de la publicité, de l’histoire de l’art… Cultiver son référentiel dans l’image, mais aussi dans des domaines variés, cinématographique et musical par exemple.
Qu’est-ce qui vous plait le plus et le moins dans votre métier ?
J’adore me retrouver dans cette immensité virtuelle sans rien d’autre que la feuille blanche et pouvoir faire émerger une forme, un jeu de typo, une illustration. En revanche, il est parfois compliqué de travailler avec des gens qui n’ont pas les mêmes références. Sans oublier qu’en France, le créatif n’est pas vraiment considéré, il est simplement vu comme un technicien. Tout ce qui est de l’ordre de l’invisible n’est pas perçu, on doit se justifier en permanence.
A votre avis, comment le métier va-t-il évoluer ?
Ma crainte est que le papier disparaisse. On a fait grandir le numérique pour pouvoir communiquer et c’est très bien, il y a des choses intéressantes qui se font au niveau de la réalité augmentée notamment, mais il ne faut pas oublier que ce n’est pas la réalité, que l’échange, le touché et la discussion sont importants.
Une expérience fun à partager ?
Des illustrations pour l’émission d’Arte Personne ne bouge. C’était une émission franco-allemande présentée en voix off par Philippe Collin, Xavier Mauduit, et Frédéric Bonnaud, diffusée entre 2012 et 2018. C’était un magazine de pop culture au ton humoristique et décalé. Mon élément.
Un truc en plus ?
Histoire de l’art, de Gombrich, c’est LE référentiel, une base propre que tout le monde devrait avoir, et ensuite des hebdomadaires autour de la culture, mensuels et les galeries, musées, concerts etc.
Propos recueillis par Séverine Dégallaix
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