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Quand les statisticiens sont devenus sexy

Data scientist, data analyst, data engineer… Qu’ont en commun ces métiers ? Ils n’existaient pas il n’y a pas si longtemps, et ils font aujourd’hui parti des plus recherchés du marché. Mais quand ces experts de la donnée et des statistiques sont-ils devenus aussi sexy ? Il y a bien une personne qui avait vu venir cette évolution…

Nous sommes en octobre 2008. Hal Varian, économiste en chef de Google et professeur en sciences de l’information, business et économie à l’Université de Californie, s’exprime régulièrement sur l’évolution de la technologie et les besoins en compétences qui en découlent. Cette fois, c’est à travers un entretien avec un cabinet de conseil en stratégie, McKinsey & Company, qu’il expose sa vision de la décennie à venir… Une vision encore d’actualité aujourd’hui !

Traiter la donnée… et la rendre exploitable !

« Je n’arrête pas de dire que le job sexy des dix prochaines années sera les statisticiens. On croit que je plaisante, mais qui aurait deviné que les ingénieurs informatiques seraient le job sexy des années 90 ? La capacité à prendre de la donnée, à pouvoir la comprendre, la traiter, en extraire de la valeur, la visualiser, la communiquer sera une compétence extrêmement importante dans les prochaines décennies. […] Car aujourd’hui nous avons accès à des données gratuites et omniprésentes. Le facteur rare est cette capacité à comprendre la data et à lui donner une valeur. » Autrement dit, le côté statistiques est effectivement primordial, mais il n’est pas tout : il faut aussi pouvoir rendre ces données compréhensibles pour le commun des mortels, pour que les personnes puissent les utiliser pour appréhender des problèmes et prendre des décisions dans le cadre de leur travail.

En bref, le problème n’est pas un manque de ressources, mais un manque de compétences… Varian a prévu il y a près de 14 ans la pénurie de talents dans le monde de la data, s’appuyant notamment sur le fait qu’en à peine trois ans, entre janvier 2015 et janvier 2018, le nombre d’offres d’emploi à destination des data scientists avait augmenté de 75 %. Et bien que les universités et grandes écoles aient actualisé leurs programmes relativement vite, proposant des diplômes correspondant aux besoins des entreprises dans ce domaine, le temps nécessaire pour former des professionnels compétents signifie que le marché restera au service des candidats pendant encore quelques temps !

Des prédictions réalisées

A noter que si la crise sanitaire n’entrait pas dans ses calculs, l’économiste en chef de Google a aussi profité de cet entretien pour prédire l’avènement du télétravail : « Je pense qu’aujourd’hui, avec ce que nous voyons en termes de mobilité, nous allons avoir une vision totalement différent de ce que cela signifie d’aller travailler. Le travail vient à vous, et vous pouvez le gérer n’importe quand et n’importe où. […] Quand nous serons tous en réseau, nous aurons tous accès aux mêmes documents, aux mêmes capacités, à cette infrastructure commune, et nous pourrons améliorer la façon dont le travail circule dans l’organisation. Et cela aussi mènera à des avantages conséquents en termes de productivité. »

Au regard de ces prédictions réalisées, il serait peut-être temps de retourner interroger Hal Varian pour savoir ce que nous préparent les 15 prochaines années…